Samedi 3 août, chaleur. Et bonheur des gens dans un parc, celui des Buttes Chaumont où l’on a presque tous les droits. Bravo la mairie ! pour la dernière initiative qui a permis aux Parisiens de s’y balader la nuit. Jusqu’au 3 août précisément. Allons ! c’est donc bien la dernière vraie journée d’été. J’en profite . Je démarre avec un « café sur le pouce » au Pavillon du lac à 3,50 €, avec pain beurre, ombre des parasols et vue sur la splendeur des arbres.

Après ménage et lessive (ah mais oui ! on n’est pas de purs esprits), thé du Tibet aux Buttes Chaumont, la plus jolie brasserie de l’arrondissement. Et le soir La Péniche Antipode sur le canal, quai de Seine, c’est beau et bon et gai et amical et pas cher. Chapeau.

Retour au parc, de nuit : grandes tablées dans l’herbe avec bougies et clap des bouteilles (Mon verre est plein d’un vin trembleur comme une flamme), deux qui jouent aux raquettes sous un réverbère, deux autres qui s’embrassent sur un banc, des petites filles arroseuses et un titi dans la rivière (non ça c’était plus tôt dans la journée). C’est calme et joyeux. On dirait le Sud…


Même douceur au Parc Floral à qui j’attribue un prix ex aequo de la « bonne vie » pour son Festival de musique (jazz et classique) dans une nature si bellement polissée et dans une liberté laissée aux promeneurs à l’égal des Buttes Chaumont – je connais des parcs et jardins parisiens qui ont encore du boulot.

Seul bémol, la guinguette Rosa Bonheur aux Buttes Chaumont devenu, à mon sens, un lieu assez pathétique, comme diraient les jeunes, mais ils ne le disent pas, ils font la queue pour s’écraser ensuite le long d’une barrière en buvant des bières – je résume – avec de la tapenade bio ou genre (je me souviens quand je suis arrivée dans ce quartier il y a une quinzaine d’année, le lieu était tenu par un assez vieux monsieur qui servait, le midi uniquement, des sandwiches ou des crêpes, et encore fallait savoir le prendre pour qu’il s’exécute…)
Et aussi : j’ai fini de rédiger cette chronique quand j’entends sur France Culture un billet à vous faire pleurer, stigmatisant ce mois d’août comme le pire jamais enregistré sur le plan du climat. Bon.
Dépassant ces rues muettes, à mi-côte entre Ménilmontant et Belleville, il m’arrivait souvent d’atteindre les Buttes-Chaumont, autre lieu magique, refuge de verdure comportant un monticule, surmonté d’un kiosque d’où l’on découvrait toute une partie de la ville. Je m’y sentais dépaysé, comme en vacances, sur la montagne miniature d’une autre contrée, et c’était une de mes querencia. Plus tard, quand me viendra un amour, je conduirai l ‘élue au sommet de cette butte, où , ayant admiré le paysage, nous échangerons un premier baiser. Edgar Morin. Mon Paris, ma mémoire. Fayard



